Patrick

Mise à jour : 04-Mar-2008

16 ans

16 ans
Je m'appelle Hans Frudrick, je suis né Hambourg le 27 juillet 1928.

Ma famille est modeste, mon père assez dur mais ma mère me prête beaucoup d'attention.

Cela fait déjà dix ans que je suis dans les jeunesses hitlériennes, j'y ai appris des tas de choses.

Notre division porte désormais un nom, et j'ai sur le bras un nouvel insigne avec un char.

Je suis fier de défendre enfin mon pays, de participer à l'agrandissement de nos territoires.

Un portrait du Führer est accroché dans notre poste de commandement.

En plus du dessin de mon amie Karla, j'ai sur moi la photo du Führer me serrant la main.

Toute la nuit nous avons entendu des tirs au loin, des bruits de gros moteurs d'avions.
Nous n'avons pas dormi, et sommes restés à nos postes de combats sans en savoir plus.

Ce matin notre commandant nous a donné des ordres, par groupes, et à certains d'entre nous.

Il paraît que des canadiens auraient été faits prisonniers.

Un camarade m'a dit avoir vu un avion avec une étoile blanche dans un champ.

Autour il y avait des corps.

Un autre m'a raconté que la tourelle d'un Panzer avait arraché un parachute d'un arbre.

J'ai hâte d'avoir mes ordres, et d'aller voir ce qui se passe sur la côte.

Voilà, nous devons monter dans un de nos camions, mais nous devons aussi le camoufler.

C'est recouvert de feuillages que nous avons tous pris la route, on nous dit de regarder le ciel.

Il fait beau ce matin, et il me tarde de me servir de mon Panzer Faust, c'est un honneur pour moi.

Nous croisons quelques soldats repartant vers le front après nous avoir vus, mon chef est furieux.

Il y a de la fumée au loin, je ne vois rien d'autre.

Nous n'arrêtons pas de baisser la tête tellement il y a d'arbres bas sur cette route.

Une pancarte vient d'indiquer « Caen 30 km ».

Nous allons vers le nord, la mer.

Depuis mon arrivé je ne l'ai vue que deux fois, j'aurais tant aimé me baigner.

Notre convoi s'est stoppé et nous devons vite descendre, j'entends hurler les ordres.

Je cours à travers champ, et me poste sur un talus non loin de mon lieutenant.

On me dit qu'un char ennemi est en face, en flamme, mais qu'un autre déborde à droite.

J'entends tirer d'à peu près partout maintenant, et une violente explosion m'a fait peur.

Je relève la tête, mais j'ai beau chercher ce char je ne vois rien, on me dit d'avancer seul.

Le bruit d'un moteur se rapproche, je tremble un peu mais je suis près.

Je pense au dessin de Karla, je revois son sourire, ses yeux.

Une petite forme ronde se distingue à la lisière du bois d'en face, c'est lui : il a l'étoile.

Je vise, mais le coup à peine parti, je sais que je l'ai manqué.

Lui, en tirant, ne rate pas notre camion, qui explose sous mes yeux.

Deux de mes camarades sont fauchés en partant sur la route par sa mitrailleuse, je me baisse, j'ai peur. Tout est si dur à voir, ils meurent à cause de moi.

Je sais que c'est de ma faute, que dira Karla, mon chef, mon Führer ?

Ma peur se transforme en rage, je me rappelle ces soirées autour du feu, de nos chants, notre défilé avant mon serment. Servir, jusqu'à la mort, je viens d'en réaliser l'importance.

Mon lieutenant me donne une mine, je n'ai pas le choix je dois détruire ce char.

Il fait maintenant très chaud, j'ai tout enlevé pour être plus agile mais je dois faire vite.

Je cours ces cent mètres sous ses balles de mitrailleuses, sa tourelle se tourne vers moi.

Mon bras me fait très mal, et je dois me traîner sur les derniers mètres.

Je m'agrippe, monte sur le côté mais il a senti ma présence et démarre.

Tant pis, je colle la mine avec le poids de mon corps.

Karla...

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