La dispute
Le blanc
de la dispute saoule mon cur
Le levain mauvais de la querelle
L'ivresse lourde de la rancur
Aux songes muets des regrets
Se lève sur
les fronts lourds de toutes les batailles
Ce sourire tiède des mauvaises revanches
L'amertume des blés foulés
Le vin acide des renouveaux
solitaires
A des odeurs de vomis
Mais il faut tracer
la frontière
Même si maintenant plus rien ne passe nulle part
Dans le chantier dévasté des constructions éteintes
La ligne devait passer
Et s'établir
Au sol des fenaisons se lèvent les blés
Le vent rappelle à
lui les envols
Les plumes échappées des martins-pêcheurs engourdis
Pleurent les perroquets
Je suis livide de
honte au sommet des capitoles
L'arc-en-ciel des victoires se meut de rosée morte
Et la dispute se coule entre mes deux épaules comme un café
froid.
Au bar des étanches la vie pleut des sucres mouillés
Vivre de fiel aux
coussins d'orage
Sur les lits déchirés des rivières enfoncées
Si loin la dispute et colère s'unissent
Bras remuants des souvenirs en fièvre
Le parfum enlaidit
les sourires
Sous les aisselles se cache l'oiseau mort
Saisons dénouées des rêves
La lumière
des pavots fait chanter les pavés
Maisons de briques fades aux calepins rebondis
Chemin de ronces taillées sans fruits aux branches
Les pommes sont hantées
de mots
Le vin sûret des tonneaux refermés
Moisi qui relève la descente et rétrécit l'espace
Paroles comme un bouclier jeté sur les draps de l'envie
Muette la tombe aux dorures accrochées
Je suis la dérive comme on mange le pain
Et la dispute se lève dans les foins abattus
Dans les sentes éboulées
Dans les griffures sur les troncs résistants
Nous sommes en vision
Nous sommes aveuglés
Cicatrices sur peaux
nues
Giclures des brûle-parfums renversés sur les genoux
La dispute trace sa route entre le lobe droit et le rein gauche
Les cils tombent de silence
Je suis saoule de
dispute en rond
Les peaux mortes s'arrachent en cortège
Passe un fût où se soulager
Passe une poutre où se pendre
Passe un passant lourd de silences
Passe la dispute
Toujours là
Taiseuse et bavarde de syntaxes mauves, de portraits arrachés et
de cris d'oiseaux morts.
Souillac,
le 12 juin 2003
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