Lauranne

Échos

Parfois, un texte m'émeut; parfois, il me donne envie d'y répondre...

Trois tankas
Autres Échos

Les œufs des bœufs à julien D'abrigeon
Guerre et Paix écho/réponse à Serge Pey

3 tankas
en écho aux Déchansons de Jean-Pierre Pouzol

Mains nues de parole
Il attend dans le couloir
Mais rien n'en sort plus

L'étoile d'amour s'enfouit
En silence dans son cœur

••

Tout pèse et tout sue
Souvenirs rancœurs mémoires
La Lune s'éteint

Autrefois dehors ailleurs
un tigre est caché ici

••

Il se sait l'enfant
Bientôt orphelin sans terre
Père de sa mère

Mais la rivière le suit
Tiède et vivant soleil

A Jean-Pierre, Souillac, le 11 mai 2001


Les textes ci-dessous sont nés de mon désir de répondre à Blaise Rosnay (Le Club des Poètes), qui m'envoyait parfois des poèmes.

Benoît Dayrat : "La vérité"
Le Mensonge

Message de Blaise Rosnay : "L'Etat de Poésie"
Et le jaune, pourtant...

Katherine Mansfield : "Le secret"
Les Secrets

Blaise Rosnay : "Mes hommages mademoiselle"
Le Damoiseau qui passe


Aux mails ci-dessous, j'ai donc répondu par des poèmes/échos.
Bon voyage !

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http://www.franceweb.fr/poesie/
* * Au Club des Poètes, Tous les soirs * *
**(30 rue de Bourgogne 75007 Paris) * *
* on dit et on chante les poètes. *
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La vérité
-----Message d'origine-----
De : poesie@micronet.fr [mailto:poesie@micronet.fr] Envoyé : lundi 16 janvier 2001 01:07 À : laurann@altern.org
Objet : La vérité en exclusivité

De toi à moi à nous à tous passe un fil
dans ce fil passent de vastes courants qui s'épousent
et se repoussent.

C'est le fil le plus tumultueux que je connaisse
Il y passe toute une mer en furie en vérité
et nous autres
nous sommes tirés par ce fil de tous les côtés
et si nous sommes bien attentifs
nous trouvons un équilibre momentané
C'est la vérité: la vérité intérieure qui fait qu'à l'instant T
les flux et reflux qui traversent ce fil semblent s'ordonner
et si tout se passe bien l'instant T
peut se transformer en éternité.

Voilà donc la vérité, ma vérité, du moins en cet instant donné.

A savoir que c'est pour ça que les poètes constellent leur parcours de mots !
Parce que sans cesse, il leur semble qu'un mot manque pour dire leur vérité!
et le mot qui suit, c'est la vérité qui suit la vérité qui manque à la vérité
C'est la vérité qui apprend à danser. Et ça fait mal pour dire la vérité d'apprendre
à danser quand on ne sait pas encore danser.

Et c'est pourquoi nous autres nous savons bien que la plupart du temps
la vérité nous échappe
et que ce fil qui conduit la vie de toi vers moi vers tous
fuit
et que dans ce fil qui fuit nous perdons tout notre sang en graves
et douces émotions
pour peu que notre coeur batte encore gentiment et tumultueusement.

Mais les plaies du coeur se soignent avec la musique des mots.
Et si la poésie sert à quelque chose, c'est qu'elle nous enseigne
que la musique des mots évoque une danse de la vie qu'il nous
faut apprendre.

Mon souffle vers ton souffle
afin de retrouver l'équilibre qui nous hante, qui nous manque,
et tant pis si nous buvons la tasse dans la mer des sentiments
nous sommes vivants."

Si vous voulez écouter Benoît cliquez là:
http://www.poesie.net/coute.ram


Le mensonge

Mensonge, si tu existes, tu te caches.
Mensonge inconnu
Voici ce que j'ignore de toi :

Comment trouver ta trace dans la foule
Des regards sincères qui nous relient.
Un fil qui se casse.
Et je ne le vois pas.

Je crois lire le miroir
Et j'oublie qu'il est reflet.
Un fil qui tenait le miroir.
L'a fait tomber.
L'a brisé.

Et je crois lire, alors que je me blesse aux tessons.
Je le saurai plus tard !

C'est mensonge.

Mensonge qui me traverse aussi.
Me glace de l'intérieur et pétrifie l'instant
De mon amour.

Sur le mur, le miroir tangue,
Tangue et se soulève au vent de révolte.
Mais ma main ne retient pas la glace.

Voilà donc le mot qui trompe, et l'illusion que j'espère
Aussi.

A ignorer que c'est pour ça que les regards se trouent de
Mots !
Parce que souvent, il leur semble qu'un mot suffit
Pour dévoiler leur mensonge !
Et le mot qui fuit, c'est la vérité qui fuit,
Et le mensonge qui manque à la vérité vraie.

C'est le mensonge qui apprend à danser.
Et ça fait mal pour taire la vérité de faire semblant de danser
Quand on ne sait pas encore danser.

Et c'est pourquoi nous ignorons toujours que la plupart du temps
la vérité nous échappe
Et que ce fil qui tient ce miroir n'est pas d'or,
Et qu'il a été rompu.
Changé aussi, peut-être.

Et que dans ce miroir qui nous échappe
des mains
Nous perdons notre sang en fuyant l'émotion.
Sur les tessons.

Surtout s'il reste du mouvement dans le reflet.

Mais les joies de l'âme se gagnent avec la musique des mensonges.
Et si celui-ci nous séduit, c'est qu'il gagne, et nous récompense
D'abord.
C'est une danse de mort qu'il nous faut désapprendre.

Ton souffle autour de mon cœur.
Buée sur le miroir.
Sans tain.

Pour retrouver la terre ferme.
Le froid brûlant de la vérité qui blesse.
Le vrai chemin hérissé de regards vrais.

Ronces féroces.

Nous sommes vivants.


L'État de Poésie
-----Message d'origine-----
De : poesie@micronet.fr [mailto:poesie@micronet.fr] Envoyé : mardi 13 juin 2000 12:50 À : laurann@altern.org
Objet : La règle du jeu poétique


Un jour, en état de poésie, je bâtis
ma maison si près d'un oiseau de paradis, que nos versants et
nos feux se touchaient.
J'entendais le soir mon copain demander à sa compagne de nid
de lui préparer un bain
d'hormones fraîches.

J'échangeais avec ce couple des oranges et
des ailes, des timbres érotiques et des contes de fées.
Il nous arriva, à nous trois, un après-midi
d'octobre, de peindre en bleu le chagrin d'un
citronnier ami.

Ce passage est extrait d'un poème intitulé "L'Etat de Poésie", véritable "art de vivre éveillé" à l'usage de ceux qui pense que la poésie est une école d'humanité.



Et le jaune, pourtant...


Cette nuit, je ne suis plus rien.
Je démolis mes cases, et mes jardins, mes Edens inaltérables.
Et les oiseaux s'enfuient de leurs nids à terre.
Je suis sourde aux murmures.
Je vole la noirceur aux corbeaux,
Qui n'y sont pour rien.
Et le cri rauque, aboiement des prés survolés,
Et l'ombre projetée sur le sol.
Et le sol se dérobe à son tour.

Qu'importe.

Je rêve que je suis Van Gogh.




Un secret

-----Message d'origine-----
De : poesie@micronet.fr [mailto:poesie@micronet.fr] Envoyé : jeudi 8 juin 2000 02:08 À : laurann@altern.org
Objet : Avec espoir

Cela fait longtemps que je ne vous ai pas écrit et j'espère sincèrement que je vous ai manqué, non, pas moi tout seul, mais la petite voix de la poésie que j'essaye d'emprunter à votre intention. Une petite voix qui parle parfois doucement, parfois fort, et qui répare par où elle passe. C'est parce qu'elle dit un secret, ce secret, je ne vous le dévoilerai pas, c'est un secret:

"Tout au fond de l'océan
Gît un coquillage arc-en-ciel.
Il est là, toujours, brillant paisiblement
Sous les plus hautes vagues des tempêtes
Comme sous les bienheureuses vaguelettes
Que le vieux Grec appelait rides de rire.
Ecoute - tout au fond de l'océan
Le coquillage arc-en-ciel chante.
Il est là, toujours, chantant silencieusement."
Katherine Mansfield

et voilà la version originale du secret, mais même en anglais, ça reste un secret.
"In the profoundest ocean
There is a rainbow shell,
It is always there, shining most stilly
Under the greatest storm waves
And under the happy little waves
That the old Greek called "ripples of laughter"
And you listen, the rainbow shell
Sings - in the profoundest ocean.
It is always there, singing most silently !"




Les secrets

Secret I

Le ciel est un envol
Mes yeux toujours plus haut
Je tairais le chant de l'oiseau
Le pinceau du blanc
Calame
Le bleu crie
Un grand navire griffe sa nuit
Les silences s'entravent
L'aile épouse l'air

Laisse ma main

Secret II

Tout en haut du ciel
Se dresse
Et face aux tempêtes et devant l'orage
Comme la risée du matin
Celle qui plisse l'eau comme un visage

Il danse



Mes hommage mademoiselle

-----Message d'origine-----
De : poesie@micronet.fr [mailto:poesie@micronet.fr] Envoyé : lundi 6 mars 2000 19:36 À : laurann@altern.org
Objet : Tout chaud écrit

Mes hommages mademoiselle
Qui passez
Et qui êtes toute beauté
Tandis que les mauvaises nouvelles
Inimaginables
Fusent des postes de radio
La grâce des apparences
Comme un étang gelé où je glisse
Me fait oublier les sombres profondeurs du lac
Où les requins et les squales s'entretuent. - Ai-je tort d'oublier ?
J'attrape cet instant de paix
Que je vole au temps.
Je sais qu'il est précieux,
Inespéré.
Pendant ce temps on annonce à la radio
Que des hommes plus cruels que des bêtes féroces
Inventent des tortures et des souffrances atroces.
Vous êtes née ici, c'est une chance
Une chance pour vous et une chance pour moi
Qui vous voit passer tandis que là-bas
Et caetera et caetera.
Je ne sais d'ailleurs si vous vous en rendez compte
La souffrance frappe sans qu'on sache pourquoi
On pense à autre chose, on croit être quelqu'un
Et nous voilà dans la tourmente à apprendre qu'on ne sait rien.
C'est pourquoi, quelle que soit l'injustice qui fait
Que vous soyez ici, que je sois là, que je vous vois,
Je me réjouis de voir passer votre beauté tout près de moi.

Blaise Rosnay


Le damoiseau qui passe

Le damoiseau
Cet inconnu passant
Cheveux à l'âme
Chants dans les yeux
Frappe de son pas la fausse paix du Monde
Celui qui s'étourdit du silence des mappemondes
Celui qui rit de l'enfant et celui qui fait l'homme
Celui qui dort et celui qui fait comme
Le damoiseau s'envole
Il passe
Comme le temps s'efface
Et son emprunte fugitive sur le sol
Déchire quelque chose sur son passage
Laissez sa main caresser
Sa bouche troubler les rythmes
Et tout son corps refuser l'apparence
Il a oublié de se baisser
Il sait la route des cimes
Malgré le plomb des contingences
Il est passé
Son chant silencieux a dégraffé un temps
Le rongeant murmure des autodaffés
Et les écailles sont tombées des écrans
L'inconnu qui passe
Ailleurs
Sait que l'oubli ne peut être un compliment
Jamais.



Suite :
Aïe à ta fesse

Les œufs des bœufs
Guerre et Paix

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