Lauranne

Réflexions sur le féminin

Mise à jour : 24-nov-08


Vacuités


A Xavier Lambert, qui a dû lire « Peau damnéee » et m’accueillit comme un chien dans un jeu de quilles.


Mon corps sur la toile est multiple et multiforme informe de dénomination. Mon corps s'infinit et se délite tout en se révélant.
Le vide révèle mon corps et parle de mon état d'être à l'autre.
Etre à l'autre.
La mutité à la mutitude se tait de multitude et s'enrichit du face à face.
Je m'efface.
Je me révèle. Vacuité errante et révélatrice.
Artiste.
Ben oui, c'est ça.
Confronteur de vacuité. Démineuse de vide.
Impuissante, pour mille fois !
A travers le monde je suis dans ce monde traversée qui me perfore.

Salut, pécore !

L'artiste fonctionnaire ne parle que d'argent en me regardant.
Je ne vaux rien ça c'est sûr !

Mon corps s'est vendu pour payer le papier et l'encre, les pinceaux et les crayons.
Mais aucun amant n'a profané mes toiles.
Mon corps gît sur la toile encadavrée; je suis l'espace qui m'entoure. Je suis toi puisque je te vois.
Peut-être qu'un jour, la seule trace de toi sera ce regard que je t'ai porté.
Ou peut-être qu'un jour, au milieu de tes dossiers poussiéreux, tu sursauteras en entendant le cri de la pie, tu te rappelleras mon passage.

Bonjour les corps sans âmes, les faux corporiseurs désincorporés pour le politiquement correct : pas de sexe, mais des cadavres, pas de chair mais des images. Et des images de rien. Surtout pas de corps : vivant, en interrelation. Pas d'images  vivantes, juste des mots : argent, papiers, techniques...

Corps vieilli et désargenté désabusé : bonjour. Comment tu vas ?  Salut, moi.

Et si on causait d'art, un peu ?

Tu l'as où, ton trou ?
Moi, j'en ai plein. Nananère.

Tant pis. Mon corps est sur la toile et se donne à qui veut. Mon corps est un espace vide de liberté sans esses puisqu'il en est. Mon corps est plein d'autorisations essées, le vide c'est la peur libre.

Si tu veux, j'te dessine des cornes à mon con.
Mais lui, il vole.

Au-delà des images à la con.

Souillac, juillet 2006

***

Je suis un gant retourné, je suis un corps sans bord désenclavé sur l’infini.
L’Infini, ce peut être le Rien.
C’est surtout le non fini, le non.
Plus qu’admettre la vacuité, accepter la porosité des limites, reconnaître ses trous.
Accepter de tomber dedans !

Un gant retourné donne à l’autre la possibilité d’être.
Accueille.
L’autre est à l’intérieur et je suis dehors.
Nulle part.

Dans l’infini de la chute.

Souillac, le 6 janvier 2007

(*) Xavier Lambert est enseignant en Arts Plastiques à l'Université Toulouse-le-Mirail (France).
Son oeuvre : http://cerap.univ-paris1.fr/cerap/LIGNES/CONTE/clonage/artistes/lambert/xavierlambert.html
"Le corps sans bords" : http://www.robertredeker.net/textesd_amis_xavierlambert,lecorps.htm
... Ces liens ne répondent plus.


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