Lauranne

Poésie

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La Soue, poème. Version française La Sot. Vila estreita.

La Soue


Ville étroite
Ville village
Sous mes pas les rues se cognent
Les fenêtres se rencontrent
Ici j'ai pensé à toi
Ici j'ai rit
Ici, je n'ai pensé à rien

Rues désertes aux noms sans nom: Rues du Pressoir, du Lavoir, de la Halle, de la Frégière, de la Recège, La Gourgue, La Sourde, du Maquis, du Canal, de la Fontaine, chemin des Ayrals, de Croquet, routes de l'arbre Rond, des Aubugues, Place des Toiles, du Puits, du Figuier, du Rajol, de l'Abbaye ?
Où est le pressoir ? Qu'est-ce que la recège ? Objets inconnus, avez-vous donc une âme ?
Froides rivières, étroites sentes… D'où venez-vous ?

Places désertes aux noms de noms : place Doussot, Sim Copans, Pierre Betz, Benettou, Roucou, Barnicou, squares Chapou, Delmas, Vitrac, allées de Verninac, Foirail Marsalès
Qui sont-ils ? Je connais les places sans connaître les hommes.

Les rues de Sarlat, de Denny, de Louqsor sans l'Obélisque, l'avenue de Verdun, me sont plus familières.

L'Obélisque même m'a apprivoisée.
Cet oiseau sans ailes meurtri de fausses plumes photocopiées sans amour, Cheval de Troie inhabité, incongru et toujours déshabillé, pris dans le goudron où se posent oiseaux de passage et peuples migrateurs.

Sous les feuilles qu'aucune main d'enfant n'aura froissées, nous avons caressé le ventre de bois tendu au soleil.
Les cailloux ont roulé sous nos pas au Chemin de Croquet, tandis que la ville s'allumait déjà derrière nous. Assis dans l'herbe neuve, nous avons assisté à la découverte ultime, sous la bâche, des poèmes plastiques de Jacques.
Nous avons descendu la route de l'Arbre Rond et pris le Maquis pour déposer les âmes une dernière fois dans l'Atelier, la Galerie sans nom.

Je suis de nulle part
Je suis dans la ville village comme un Chaperon Rouge
Traçant son chemin à coups de fausse mémoire
Passé d'Algérie recomposé sous le Chabrot et la Mique du Grand-père
Souvenirs bretons palpitant sous les accents perdus des frères
Mémoire parisienne sur les volets fermés des maisons du Causse
Les rues naines sont ici à ma taille
Les rues seulement
La ville village m'a collé des bottes de sept lieues
Je suis d'ici et d'ailleurs
Ici, quand on est d'ailleurs, on n'est de nulle part
Puisqu'on n'est pas d'ici

Ailleurs, je suis d'ici

Souillac, le 7 juillet 2002


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