Patrick

Mise à jour : 04-Mar-2008

20 ans

 

20 ans
 Je m'appelle Jones Clément, je suis né à New York le 08 janvier 1925.

J'ai grandi dans un orphelinat du Bronx jusqu'à ma majorité.

Je n'ai que très peu de souvenirs des mes parents, mon tuteur m'a dit la vérité avant que je ne m'engage dans l'armée :  mes parents se sont donnés la mort à la suite du crack boursier de 29.

Avec Kevin, orphelin comme moi, nous en avions marre des petits boulots, de n'être...  rien.

Ici mes amis sont un peu comme ma nouvelle famille. De la ville je passe au grand air, de la solitude à la vie groupe.

Pendant notre séjour en Angleterre nous n'avons pas arrêté de nous entraîner.
C'était dur, mais je pense avoir déjà tout subi à l'orphelinat, alors...

Et puis j'adore cette aventure, et notre mission est simple, mais je l'ai oubliée.

De toute façon je suis mon groupe, je suis Kevin. Une plage, ce n'est qu'une plage après tout............

Cette nuit aucun d'entre nous n'a fermé l’œil, et avec Kevin nous avons joué au Poker.

Je ne cesse de penser à cette montre que j'aurai pu gagner, si j'avais osé bluffer !

Il fait froid, et depuis plus d'une heure, nous sommes dans ce chaland.
Les vagues passent par-dessus la porte avant, nous sommes trempés jusqu'aux os.

Kevin n'arrête pas de vomir.

Certains tremblent, d'autres sont comme des statues. Plus un ne rit. Pendant qu'ils regardent devant, je me retourne sans cesse pour voir si notre pilote nous parle ; je n'entends presque plus rien depuis que les bateaux de derrière ne cessent de tirer.

Des nuées d'avions nous passent au-dessus en rase motte. Certains ont le temps d'incliner les ailes dans un sens puis dans l'autre, je crois qu'ils nous saluent.

Je regarde la porte et j'attends maintenant avec impatience qu'elle tombe enfin et qu'elle nous libère de cet enfer.

Soudain le vrombissement de notre moteur fait trembler les parois du chaland.

Ca y est ! Le pilote nous hurle d'y aller.

Avec un grand bruit la porte semble s'écrouler.
Tout le monde sort en courant, il y a déjà beaucoup de monde sur la plage, et dans l'eau.

Certains nagent, j'ai envie de rire, c'est con..........

J'essaye de suivre Kevin; mais nous sommes des centaines désormais et, de dos, je ne reconnais plus personnes. Nous sommes tous pareils, tous pris au piège.

J'entends tirer, et une violente explosion projetant autant de gerbes de sable que de corps me plaque au sol. Tout le monde hurle, je ne comprends rien, soudain je n'entends plus rien.

Je me lève, tiens mon casque et reprends mon arme.

Je cours jusqu'aux abords des dunes.

Je slalome entre ceux qui, blessés n'avancent plus, et ceux qui n'avanceront jamais plus.

Ces poutres métalliques me gênent mais j'aperçois tous ces impacts, et les projectiles ne cessent de pleuvoir, je comprends qu'elles me protègent.

Me voilà accroupi aux pieds de la dune.
Je regarde sans comprendre un inconnu me relever par le col et me crier dessus. Je lui fais signe que je n'entends plus. Il me désigne de la main un petit bunker d'où une mitrailleuse tire sans discontinue par longues rafales.
L'homme me parle, mais je regarde toutes ces balles traçantes qui arrache les membres, la vie des miens. Il me secoue maintenant, me donne une grenade et me remontre ce Bunker. J'ai compris, mais j'ai peur, je ne sens plus mes mains, plus mes jambes.
« Où est Kevin ? » Il ne comprend pas et me pousse violemment. J'essaye de ramper, j'ai du sable plein les yeux. Je me retourne, des dizaines de gars recroquevillés m'observent et me font signe d'avancer.

Je rampe lentement, et pourtant le temps presse.
Je distingue maintenant les servants de cette lourde mitrailleuse qui fume. L'un d'eux me désigne au tireur.

Je me retourne une dernière fois : « Kevin ! ».

 

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